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Paris, 14 novembre 2015 : Les rescapés

Publié le par Brigitte Lagravaire

Ils parlent, ils ont besoin de parler....

L'ambiance. La musique. La fête. La joie...

...Des pétards, derrière. La musique s'arrête ? Le groupe quitte la scène ? Pas des pétards ! Se retourner. Les voir. Non, pas des pétards, mais...

Des hurlements. Des cris. La panique.

Des déflagrations. Des armes. Des flammes au bout des canons. Courir ? Se cacher. Des hurlements. Du sang. Des cris de panique. Rester couché entre les corps ensanglantés ? La terreur. Appeler les secours. Courir entre deux rafales. Une porte. Se cacher. Des rafales. Odeurs de poudre. Déflagrations. Du sang. Des cris. Mon Dieu, non ! C'est pas possible ! Pourquoi ? Des coups de feu en rafale, tout près. La cloison qui vibre, tiendra-t-elle ? Elle, à côté de moi, s’affole. Non, surtout pas. Ne pas crier. Attendre. Se taire. Attendre. La police va intervenir. Des déflagrations. Des cris. Du sang. Pourquoi ? La fenêtre : sauter ? Des coups de feu. Des coups de feu. Des cris. Du sang. Des hurlements de haine. Des plaintes. Celui, celle qui m'accompagnaient, où sont-ils ? Appeler. Non, silence. Ne pas se faire repérer. Attendre. Entendre ces bruits de guerre, ces cris, ces plaintes. Ce sang, j'en suis couvert. Elle, qui était allongée contre moi, elle doit être morte maintenant. Des gémissements. Des pleurs étouffés. Des heures d'explosions, de cris de haine, de cris de panique...

...Des échanges de feux. Les flics sont là, ça mitraille. Déflagrations. Explosions. Encore des coups de feu. Le calme. Oh, non, ces plaintes, ces cris... Se relever ? Sortir de là ?

...Oui, c'est fini. D'abord les blessés. Oui, bien sûr, attendons. Ils nous font sortir. Traverser la salle. Descendre l'escalier. Longer le mur. L'horreur après la terreur. Regarder devant, nous disent-ils ? Comment ? Comment ne pas voir ces corps que l'on enjambe, ce sang, ce sang, ce sang... Le sol est rouge.

3 heures au goût d'enfer. Dehors enfin. Les secours... C'est fini.

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Ils parlent, ils ont besoin de parler.
Leurs mots ne disent rien.
Leurs regards, leurs souffles en disent bien plus.

Ils vont parler. Nous allons les écouter. Curiosité et compassion. Partager -est-ce possible ?- l'horreur, la barbarie, leur terreur.

Et puis ils se tairont. Ils n'oseront plus. Ils ne nous diront plus leurs cauchemars. Et nous ne poserons plus de questions. Nous n'oserons plus.

Pourtant, pour eux, ce ne sera jamais fini.

Même si la France se relèvera de cette barbarie, pour eux ce ne sera jamais fini,

jamais...

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